Queen Elizabeth

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Journal de bord

2014 Southampton – Puntarenas via New-York et la canal de Panama à bord du M/S Queen Elizabeth

 

Les photos du voyage ici 2013 qe limon_2

…celles après le débarquement au Costa Rica ici217162194247_044431

…vue de la proue du Queen Elizabeth203_schubert_pos_mini

Mars 2013

Le voyage commence au bas mot dix mois avant le départ. Le bateau est presque plein une année à l’avance. Nous choisissons rapidement une des dernières cabines disponibles avec vue sur la mer, sans canot de sauvetage devant les fenêtres.

L’organisation d’un voyage en cargo est plus compliquée que celui-ci. Il faut présenter un certificat médical et contracter une assurance déviation (voir carnet de bord du HS Schubert). Sur le Queen Elizabeth, rien de tout cela puisque un service médical est offert à bord en raison du grand nombre de passagers.
Le périple
L’itinéraire du navire est précis à l’heure près, à moins qu’une vague scélérate ne vienne perturber les prévisions. Encore une fois la route d’un paquebot est plus facile à planifier que celle d’un porte-conteneurs qui doit parfois attendre une place libre dans les ports et parfois patienter de longues heures pour charger et décharger.

 

Date    Arrivée    Départ    Port
10.01.2014    –    20:15    Southampton
11.01.2014    –    –    en mer
12.01.2014    –    –    en mer
13.01.2014    –    –    en mer
14.01.2014    –    –    en mer
15.01.2014    –    –    en mer
16.01.2014    –    –    en mer
17.01.2014    –    –    en mer
18.01.2014    06:00    21:00    New York
19.01.2014    –    –    en mer
20.01.2014    –    –    en mer
21.01.2014    07:00    21:00    Fort Lauderdale, USA
22.01.2014    –    –    en mer
23.01.2014    –    –    en mer
24.01.2014    09:00    17:00    Aruba, Antilles Néerlandaises
25.01.2014    –    –    en mer
26.01.2014    07:00    18:00    Limon, Costa Rica
27.01.2014    06:00    16:00    Canal de Panama
28.01.2014    –    –    en mer
29.01.2014    07:00    17:00    Puntarenas, Costa Rica

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Le navire
Le Queen Elizabeth a été construit en Italie et lancé en 2010. Il est le troisième navire de la flotte Cunard et une soeur du Queen Victoria, qui est entrée en service en 2007. Les coques des deux soeurs sont basées sur des plans similaires à de nombreux navires de la famille de Carnival Corporation, comme plusieurs navire de Costa que des navires de la classe Spirit de Carnival Cruise Lines. Ainsi, le Queen Elizabeth est un paquebot de croisière et non pas un ocean liner comme navire amiral de la Cunard,

le Queen Mary 2.
Le QE est équipé de deux moteurs électriques Azypod dont une caractéristique intéressante est qu’ils ne poussent pas le navire mais le tirent. De plus ils peuvent tourner sur eux-mêmes de 360o et avec l’aide de ses trois hélices de proue qui totalisant 10’000 chevaux de puissance à elles seules, le paquebot est complètement autonome pour les manoeuvres dans les ports.
Le navire est également équipé de stabilisateurs anti-roulis de 6.6 mètres de long et 3 de large qui sont comme des ailerons latéraux qui pivotent sur eux-mêmes. Ils sont commandés par un gyroscope qui mesure l’intensité du roulis. Lorsque les ailerons ne sont pas utilisée, ils se rentrent dans la coque pour réduire le freinage.

Le QE en quelques chiffres:
– longueur: 294 mètres
– largeur: 36.6 mètres
– vitesse maximum: 45 km/h
– temps pour passer de marche avant en marche arrière: 300 secondes
– rayon de braquage à 21 noeuds: 55o mètres et 7 minutes
– poids: 91’000 tonnes
– capacité de carburant: 3’500 m3
– autonomie: 17 jours
– puissance totale des générateurs: 64 Mégawatts ou 85’000 chevaux
– capacité en passagers: 2175, ce qui est la moitié de la capacité des gros paquebots du genre Costa.
– membres d’équipage: 1000, autant que sur un Costa de 4000 passagers…
– consommation d’eau douce: 500’000 litres sont produits chaque jour par évaporation

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Décembre 2013
Préparation des bagages
La quantité de bagages est sans limite. Il faut dire que certains passagers, plutôt des passagères, emportent des toilettes pour un tour du monde de quatre mois. La seule exigence est qu’aucune pièce ne doit peser plus de 20 kg et qu’un étiquetage strict est requis, puisqu’il y aura les bagages de 2000 passagers à distribuer dans les cabines en quelques heures.

Imaginons que nous partons de Southampton en plein hiver et que nous serons sous les tropiques douze jours plus tard en plein été, donc nous devons paqueter trois garde-robes, une pour l’hiver, une pour les soirées formelles (smoking et longues robes) et une pour l’été (T-shirts et shorts).

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Janvier 2014
L’heure du départ a enfin sonné. Le 8 janvier 2014 Peter et Claudine nous conduisent à la gare de Neuchâtel à 11h30.  Nous  embarquons dans le train à destination de Frasne pour de piquer la correspondance du TGV du Lausanne – Paris gare de Lyon, puis l’Eurostar pour Londres à la gare de Paris Nord. En raison du volume de bagages nous commandons un taxi déjà dans les TGV avant Paris, ce qui nous évite bien des péripéties avec nos 4 bagages.
Nous arrivons à St Pancras International à 20h, heure prévue, puis 5 minutes de marche suffisent pour nous retrouver au Kings Cross Inn en face de la gare. Un peu fatigués par le périple, nous allons manger une agape dans le McDo d’à côté pour caler nos estomacs avant la nuit – eh oui Philippe et Corinne dans cette enseigne aux deux bosses jaunes…il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

Nous passons la journée du 9 janvier à visiter Londres, avec l’accent sur Oxford Street où nous faisons les derniers achats avant l’embarquement.
L’enseignement de cette histoire est qu’une prochaine fois nous devrions faire nos achats ici plutôt qu’en Suisse car nous sommes en plein soldes et les prix sont canons.
Un petit tour dans Hide Parc où des collégiens de tous âges jouent au foot en chemise cravate dans la boue. Puis nous marchons sur Piccadilly Circus pour terminer la journée.

Embarque Simone !

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Jour 1: 10 janvier 2014
Le lendemain matin un représentant Cunard nous attend devant la porte de sortie de l’Eurostar à St Pancras où nous faisons déjà la connaissance de futurs compagnons de croisière, puis nous embarquons dans un car de Cunard pour Southampton.
Le premier arrêt a lieu au terminal du Queen Mary II qui attend ses passagers alors que notre Queen Elizabeth se trouve de l’autre côté du bassin. Un comité d’accueil composé de nombreuses hôtesses du troisième âge nous reçois pour les formalités d’embarquement: questionnaire, contrôle des passeports, enregistrement de nos cartes de crédit, distributions des cartes d’accès, puis désinfection des mains…avant de monter à bord.

Les deux navires vont partir ce soir pour un tour du monde, le Queen Mary à l’est et le Queen Elizabeth à l’ouest et devraient se rejoindre quelque part en Asie.
Nous rejoignons notre cabine 1082 située au pont 1, le plus bas dans la coque du navire et sur babord. Une bouteille de champagne nous y attend dans un sceau à glace. A près les rangements de nos affaires, nous appareillons dans la soirée sous un feu d’artifice qui marque le 10ème anniversaire du Queen Mary II et le départ des deux navires pour leur tour du monde respectif.
Une table de six convives nous est attribuée qui est magnifiquement située devant les fenêtres de poupe du navire où nous surplombons les remous. Nous faisons la connaissance d’Ann, Elizabeth, John et Roger, nos compagnons de table pour les 19 jours à venir, tous britanniques. Nous aurons droit une immersion en anglais au grand dam de Corinne qui va devoir abandonner son espagnol pour quelques jours.

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Jour 2: 11 janvier
Le premier jour se lève après une nuit dans un lit enfin confortable car celui de l’hôtel à Londres était dans un état misérable.
La navigation a été plutôt calme et nous quittons les îles Scilly en laissant le phare de Bishop Rock sur tribord au cap 240° et 18 noeuds de vitesse.
Ma première découverte du matin en faisant une première exploration est que les moquettes sont ornées de lignes vertes sur tribord et rouge sur babord – c’est trop logique et essentiel pour s’orienter sur le navire.
Le téléviseur de notre cabine affiche toutes les informations de la passerelle sur le canal 42, dont la route et la vitesse, les conditions météorologiques et les distances parcourues. C’est d’ailleurs la seule chaîne que nous suivrons durant tout le voyage. Il existe un canal du bateau ou toutes les conférences sont retransmises, ainsi qu’une interview chaque jour d’un passager digne d’intérêt.
Le vent forci dans la journée et les prévisions ne sont pas bonnes pour la nuit à venir. Corinne doit prendre des chewing gum anti mal de mer car le bateau bouge de plus en plus et les stabilisateurs n’arrivent plus à compenser complètement le roulis.
La soirée est très sport, les gens vacillent de plus en plus lorsqu’ils marchent le long des couloirs.
A 12h00 le traditionnel rapport du capitaine indique un vent de 8 beaufort avec des creux de 5 mètres qui passeront à 7 mètres dans la nuit. L’Atlantique nord est démonté et offre un spectacle extraordinaire – mon avis n’est évidemment pas partagé par tout le monde à bord… Le navire gémit de toutes parts et une passagère s’est même fracturé un bras en tombant, et j’en ai moi-même rattrapé une au vol heureusement légère.
Le soir le capitaine invite à la traditionnelle soirée formelle, smoking obligatoire, avec séance champagne et photos dans la Queen’s Room.

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Jour 3: 12 janvier
Contre toute attente le bateau bouge moins ce matin mais le capitaine a dut réduire la vitesse de 18 à 15 noeuds pour éviter, non seulement une hécatombe chez les passagers, mais également que le navire ne souffre trop. Les activités de cuisines et de services deviennent extrêmement périlleuses dans ces conditions. Tous les ponts extérieurs ont été bouclés pour des raisons de sécurité et tous les spectacles ont été reportés.

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Ambiance sur le Queen Elizabeth
Nous sommes dans un monde très british. L’atmosphère est feutrée, les gens sont polis et se servent dans le calme, avec modération et dans la bonne humeur.
Qui embarque sur le Queen Elizabeth dépend évidemment d’où le navire se rend. Un départ de Southampton attire inévitablement beaucoup de britanniques.
Où que l’on se tourne, tout est beau, des oeuvres d’art, de riches marbres italiens, du bois polis et de la lumière tamisée diffusée par des chandeliers scintillants. Les sons d’une harpes par ci, d’un piano par là s’ajoutent à ceux d’un quatuor à cordes, qui inondent les zones publiques, ce qui donne une ambiance glamour à l’ancienne.
Il n’y a pas de paillettes sur ce navire et très peu de gadgets. Plutôt que de capturer l’imagination du public avec des toboggans d’eau et des disco haute technologie, Cunard préfère capitaliser sur son héritage et offre des activités anciennes comme une salle de bal, un jeu de boule de boulingrin ou le célèbre « afternoon tea » dans les salons jardin.
Lors des repas du matin et à midi, nous choisissons délibérément des tables à quatre pour augmenter les chances de faire de nouvelles connaissances, ce qui marche presque à tous les coups.

Nous découvrons ainsi une population étonnante à bord qui pourrait facilement devenir l’objet d’un roman. Citons cette passagère qui a emporté 14 valises de bagages. Il y a aussi ce vétéran du Vietnam hagard, bardé de médailles qui se déplace péniblement dans le bateau, et cette jeune Franco-russe, l’air désabusée, un peu fille d’oligarque, un peu photographe et un peu traductrice qui va aligner seule deux tours du monde de quatre mois, celui-ci et le prochain en 2015. Cette femme seule, excentrique, partie pour un tour du monde, qui s’habille comme un oiseau, chaque jour de couleur différente, avec des plumes sur la tête, et qui n’a aucune idée où le bateau s’arrête. Il y a aussi ce très jeune garçon violoniste qui est à bord avec sa professeur de violon et qui répète tous les jours. Fascinant également, ce couple d’ouvriers français à la retraite qui se paie la meilleure cabine à bord, sur un tour du monde à 80’000 EU pur les deux, financé en vendant leurs confitures maison et leurs légumes sur les marchés de Paris.

Les animations à bord sont extraordinairement variées et multiples, et sont communiquées par la gazette journalière de quatre pages imprimée dans l’imprimerie du bord.

Des animations très éclectiques ont lieu partout comme des conférences, des cours de peintures, des cours de bridge, des séminaires oenologiques, des dégustations de whisky, des karaokés, des trivial poursuites et des spectacles de music hall – il y a largement de quoi tuer l’ennui !
Des artistes et des troupes de toutes sortes montent à bord quelques jours et débarquent après avoir fourni leurs prestations.

Chaque nuit nous devons reculer nos montres d’une heure puisque nous naviguons plein ouest ce qui rallonge nos nuits.

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Jour 4: 13 janvier
La nuit fut très agitée et la vitesse a été réduite une nouvelle fois à 13 noeuds, le vent et les vagues ont encore augmenté. L’Atlantique nord en hiver ne faillit pas à sa réputation et je suis tout de même content de ne pas être sur un voilier de 12 mètres.

Le capitaine nous indique dans son message journalier de 12h00 que nous sommes à 650 milles du cap Finistère et que nous allons croiser São Miguel dans les Azores avec un vent à son apogée à 9 beaufort et des creux de 8 mètres. Des vagues passent au dessus de la fenêtre de notre cabine et parfois s’y écrasent de plein fouet.
Les piscines ont été vidées par l’équipage avant quelles ne se vident toutes seules.

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Jour 5
Situation inchangée ce matin avec des creux toujours énormes de 8 mètres et nous avons laissé les Açores à 350 milles à bâbord dans la nuit. Il reste 1843 milles à parcourir jusqu’à New-York.
Nous nous inscrivons pour la visite des coulisses du Queen Elizabeth à 120 $ par personne, ce qui est assez cher et dissuasif, mais probablement le but recherché pour éviter qu’il n’y aie trop d’intéressés. J’imagine mal 120 personnes visitant la passerelle.
 
Dans la journée le navire se plante méchamment et ralenti dans les vagues à plusieurs reprises ce qui oblige la passerelle à réduire encore la vitesse à 12 noeuds.
Nous décidons d’aller au cinéma après le petit-déjeuner au Royal Theater à la proue du bateau. La salle craque de partout et les rideaux se balancent.
Le film est un navet qui relate les péripéties de la guerre entre les japonais et les américains avec des histoires de yakuzas en toile de fond. Corinne tient 5 minutes, jusqu’au moment ou 2 soldats japonais font hara-kiri, et moi je tiens péniblement 2 heures jusqu’au bout.
Jour 6
Changement de décor ce matin. Le ciel est bleu et le navire ne bouge presque plus puisque le vent est tombé à 1-2 beaufort. Dans l’après-midi, Corinne la guide francophone de Cunard, organise une visite gratuite des cuisines du restaurant Britannia. Les explications marquantes sont que les menus se répètent après 24 jours, que les stocks sont ajustés en fonction de la clientèle, e.g.: s’il y a plus d’Allemands à bord on achète plus de saucisses, et que les fouets et les pellettes… font 1.50 mètres de long. Une autre curiosité est les tourniquets de services qui tournent à toute vitesse, où l’erreur est interdite. Si un serveur devait glisser au passage la catastrophe serait énorme.

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Jour 7: 16 janvier
Après une journée et une nuit calme, la mer reprend du poil de la bête avec un vent de beaufort 6 et des creux de 2.5 mètres mais la vitesse reste à 19 noeuds.
Le capitaine nous informe qu’à 2 heures du matin nous avons passé à 20 km au sud de l’endroit où le Titanic a sombré le 14 avril 1912. Il nous rassure toutefois en rajoutant qu’à cette saison les icebergs ne se promènent pas autant au sud !

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Jour 8: Les coulisses du Queen Elizabeth
Nous sommes finalement 16 personnes à partir pour le tour des coulisses du Queen Elizabeth à 120 $, sous la conduite de la sympathique et mythique Laura.
Les coulisses du grand Théatre Royal est la première étape. Nous visitons les salles de maquillage et les collections de costumes.
Nous visitons ensuite l’hôpital où deux médecins exercent. L’ancien s’occupe des passagers et le jeune de l’équipage. Ce dernier nous fait le tour du propriétaire. Il y a un équipement de radiographie et une petite salle d’opération pour les interventions légères. Ils ne pratiquent pas d’interventions dentaires mais ont tout ce qu’il faut pour soulager un malade potentiel jusqu’au prochain port. Il y a aussi une morgue avec 4 tiroirs que nous ne visiterons pas…., et notre guide médecin nous assure qu’il y a moins de décès à bord que ce que nous pouvons imaginer. Il nous raconte aussi que l’état de santé général à bord est en moyenne meilleur qu’en Grande Bretagne, et pour cause.
Nous visitons ensuite la salle de contrôle des machines où le chef ingénieur nous reçois pendant 20 minutes et nous distribue une documentation décrivant l’essentiel du navire.
L’imprimerie et l’incinérateur sont les prochaines étapes.
L’officier chef de la logistique nous guide dans les réserves réfrigérées qui sont évidemment énormes et qui n’ont rien a envier à un grand supermarché. En principe, ils s’approvisionnent très peu en cours de route.
Le clou de la visite est évidemment la passerelle où une photo de groupe est faite en présence du capitaine.
Celui-ci nous explique la difference entre un « Cruise ship » comme le Queen Elizabeth et un « Ocean Liner », le denier construit étant le Queen Mary II. Un « ocean liner » est classiquement construit pour réaliser une traversée de l’Atlantique dans de bonnes conditions. Puisqu’un  Ocean Liner est susceptible de rencontrer n’importe quel temps il doit être construit plus solide, avec une coque plus épaisse donc plus lourde. La proue est longue et effilée pour mieux fendre les vagues, ce que notre Queen Elizabeth n’est pas capable de faire. Il a une étrave qui s’élargi jusqu’à mi-longueur du navire et qui est plus profonde pour augmenter la stabilité. En plus, pour gagner du temps il est plus puissant.
Nous concluons le tour par un apéritif garni servi au Commodore Club.

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Jour 9: New-York
Le mauvais temps des jours passés a retardé notre arrivée à New-York, ce qui est une excellente nouvelle car au lieu d’arriver de nuit à 6h nous arriverons de jour à 9h. L’arrivée s’avère en effet magique avec tout d’abord le pilote qui monte à bord à 5h30 au Ambrose Lighthouse. Je constate avec une plaisir que la porte d’accès des pilotes se trouve exactement sous notre cabine, donc nous assisterons en direct à tous les mouvements lorsqu’ils auront lieu sur bâbord.
Nous poursuivons quelques minutes plus tard sous le pont de Verrazano à 6h30, puis devant la statue de la Liberté à bâbord, enfin nous remontons majestueusement Manhattan à l’est jusqu’au Pier 88 du Manhattan Cruise Terminal à 9h, exactement à hauteur de Time Square.
Le débarquement s’avère laborieux évidemment géré par Big Brother. Les empreintes digitales des dix doigts ainsi que la photo de 3000 personnes sont prises pour être définitivement stockées dans les bases de données des maîtres du monde, ce qui prend plus de 3 heures, et ne m’enchante pas vraiment.
De plus nous passons sous la juridiction étasunienne donc plus d’alcool en dessous de 21 ans et le navire est vérifié de fond en comble. Vision délirante avec des soldats armés de fusils mitrailleurs et de gilets pare-balles qui patrouillent dans le navire.
Environs 500 passagers vont définitivement débarquer New-York qui seront évidemment replacés, ce qui ne manquera pas de modifier l’ambiance à bord.

Nous débarquons à 12h30 et retrouvons nos amis français Cécile et Guerinno qui ne savent pas un mot d’anglais, que nous allons guider dans New-York. Nous marchons à l’est puis prenons un taxi jusqu’à Grand Central Station car les hanches de Guerrino sont à la peine. Nous déambulons dans cette gare mythique et y prenons une agape sur le pouce.
Nous marchons ensuite jusqu’à Time Square où le soleil nous réchauffe en s’infiltrant le long des avenues. Nous terminons la visite sur le mémorial de John Lennon à Central Park et nous renonçons à visiter la collection Frick où la file est encore interminable à 15h avec peu de regrets car les échos qui nous parviennent à son sujet ne sont pas très bons.

Tout en dégustant un excellent repas, installés à notre table 419, exactement à la poupe du navire, nos quittons lentement New-York le long des gratte-ciels éclairés par une lune lumineuse – expérience inoubliable !
Le Queen Elizabeth est quelque chose de très spécial dans le monde maritime et que la sympathie à son égard est grande. Nous sommes escortés par des bateaux de police et un hélicoptère, tous feux bleus clignotants allumés, et même les tours opérateurs de Manhattan rajoutent un crochet par le pier 88 pour voir le Queen Elizabeth lorsqu’il y fait escale.
Après avoir débarqué notre pilote au Ambrose Lighthouse, au même endroit que ce matin, nous entamons notre route sur Fort Lauderdale en Floride.
Nous traversons un sanctuaire de baleines pendant plusieurs heures où la vitesse est limitée à 10 noeuds.

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Jour 10: 19 janvier
La nuit fut calme et la température est toujours fraîche, comme depuis le premier jour, mais devrait remonter autour de 20 °C lorsque nous aurons retrouvé le Gulf Stream. Le vent a repris de la vigueur à 5-6 beaufort.
Après le petit-déjeuner nous allons assister à la présentation sur Port Everglade / Fort Lauderdale donnée par le bureau des excursions Cunard.
Aujourd’hui, fitness pour moi et coiffeur pour Corinne, qui est heureuse de tomber sur un excellent coiffeur hongrois.
Ann et Roger, nos compagnons de table, nous invitent à prendre l’apéritif dans leur cabine. Nous apprenons au restaurant que Chris notre sommelier sud-africain a son anniversaire le même jour que Guillaume mais a une année de moins au compteur, et qu’il va se marier le 1er mai.

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Jour 11: 20 janvier
Une nuit calme nous amène au matin et nous faisons route plein sud depuis New-York. Tout le monde est impatient de passer en mode short. La température est de 20 °C et est annoncée à 25 °C demain, mais le vent crée une sensation de froid qui rend tout séjour à l’extérieur peu agréable – encore un peu de patience !
Nous assistons à une excellente conférence sur le Capitaine Cook dont le titre est: Those Who Changed Their Worlds, donnée par le Professeur Derek Frazer.
Avant le souper nous allons prendre notre traditionnel Kir Royal au Garden Lounge au son d’un orchestre Dixieland.

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Jour 12: Port Everglade – Fort Lauderdale
Nous atterrissons à Fort Lauderdale et puisque nous sommes toujours aux USA nous recevons un visa d’un jour sans formalités puisqu’elles ont déjà été remplies à New-York.
Nous choisissons la visite sans guide. Une navette organisée par Cunard nous transporte au centre commercial La Galleria où nous embarquons sur un Watertaxi pour 25 $ la journée, en compagnie de Chris et Aleck, elle ex directrice HR dans un hôpital de 4000 employés et lui nous ne savons pas trop.
Notre choix du jour s’avère être une excellente option et nous passons la journée à débarquer et embarquer sur le water taxi pour visiter la Venise des USA, toutefois bien moins romantique. Ces water taxis ressemblent à des bus auxquels nous aurions enlever les roues et posés sur l’eau.
Fort Lauderdale est l’un des plus grands ports de plaisance du monde. L’entretien des bateaux privés est le premier pourvoyeur d’emplois de la ville et le tourisme se place en deuxième position. Fort Lauderdale héberge le plus grand salon nautique du monde. Nous passons devant les palais des super riches avec leurs yachts délirants amarrés juste devant.
Un peu à l’extérieur nous trouvons des binômes villas – bateaux de dimensions plus normales.
Notre pilote nous montre le yacht de Spielberg, le Seven Seas, de 221 pieds et 220 mios de dollars – maintenant je sais où va mon argent lorsque je vais au cinéma…

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Jour 13
Aujourd’hui sera un jour de mer. Nous approchons très près de la côtes nord de Cuba que nous longeons à tribord, jusqu’à Haïti où nous prenons au sud dans le « Windward Passage » détroit entre les deux îles, direction Aruba. La température à l’extérieur du navire a maintenant passé au-dessus de celle de l’intérieur et certains endroits hyper refroidis deviennent pénible à supporter pour qui n’est pas américain.
En fin de soirée, nous assistons au spectacle Hotel Royale par la troupe du Queen Elizabeth. Le spectacle d’une heure, du genre comédie musicale, est d’excellente qualité et très professionnelle.
Jour 14: hygiène à bord
Une épidémie est la hantise à bord. Tout est mis en oeuvre pour éviter la mésaventure du paquebot Explorer of the Seas où une épidémie de gastro-entérite s’est propagée à bord à une allure record et à touché 700 personnes en Janvier 2014. Désinfection obligatoire des mains lors de chaque accès aux restaurants. Chaque fois que des nouveaux passagers embarquent, les sachets de sucre, de sel et de poivre des tables sont retirés et mis en quarantaine pendant 3 jours, puis remis en place lorsque qu’aucune bactérie suspecte n’est détectée. Pendant ces 3 jours de quarantaine, les passagers ne se servent plus eux-mêmes mais le sont par le personnel. Lorsque des repas sont pris hors du bateau à l’occasion d’excursions par exemple, Cunard envoie des inspecteurs sur place pour vérifier les conditions d’hygiène des établissements.

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Jour 15: Aruba
Après 2 jours de mer nous abordons à Oranjestad, capitale d’une petite île désertique de 40 km de long appartenant aux Pays-Bas. Nous choisissons le tour « highlights » en car de 9h à 13h. Nous faisons le tour de l’île avec un chauffeur qui nous parle de son île sous toutes les coutures en marmonnant dans son micro.
La langue officielle est le néerlandais mais les gens ont inventé une langue locale, le Papiamento, qui est un doux mélange de néerlandais, de portugais, d’anglais et d’espagnol. L’île ne produit rien et tout est importé. Nous y trouvons les montres suisses les plus prestigieuses que l’on ne trouve pas nécessairement partout ailleurs. Aruba est peut-être le seul pays au monde à avoir des pièces de monnaie carrées. Toute l’eau douce est produite sur l’île par évaporation car il ne pleut que 25 jours pas année. La bonne nouvelle est que l’île est protégée des typhons par les reliefs de la Colombie.
Il y a peu de choses à visiter mais nous visitons les quelques maigres sites d’intérêt comme « the Collapsed Bridge », « the Lava Rocks », the « Alto Vista Chapel » et le « California Lighthouse ».

Il est curieux de voir des dizaines de cargos et pétroliers qui, selon notre chauffeur, « attendent leur tour… » spécialement le week-end. Ils jettent l’ancre devant le port, par 40 mètres de fond où le parking est gratuit.

Nous appareillons à 18h00, 10 minutes derrière le Noordam de Rotterdam, et sortons de la zone par un canal balisé étroit, coincé entre le port et une île.

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Jour 16
Comme annoncé la veille un vent de 6 beaufort nous pousse à l’ouest direction Limon au point ou nos propres fumées nous dépassent, ce qui est désagréable car nous brûlons de l’huile plus proche du goudron que du diesel, donc très chargée en soufre.
La mer est magnifique, argentée et démontée et notre sillage est turquoise.
Nous prenons le repas de midi sur le pont arrière mais la chaleur est telle que nous limitons notre séjour à l’extérieur au minimum. Nous sommes toutefois surpris que, de nous jours, des gens passent encore des heures à dormir couchés en plein soleil, quel courage…
Nous assistons à une conférence sur le canal de Panama, ce qui nous donne un avant goût de ce que nous allons vivre. Il semble que nous ayons une réservation d’heure de passage du canal.

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Jour 17: Puerto Limon
Nous amarrons à 7h à Limon à côté du Celebrity Equinox de 4000 passagers, essentiellement américains puisque venant de, et retournant à Port Lauderdale sur une croisière de 10 jours.
Nous débarquons pour visiter cette petite ville typiquement caribéenne qui a air de reggae. Malheureusement tout est fermé puisque nous sommes dimanche mais un clone de Harry Bellafonte nous interprète « Matilda » devant un bistrot, ce qui cadre magnifiquement dans le paysage.
L’endroit le plus vivant est le point internet juste au bout du port se qui s’explique par le prix de 5 $ par jour ici contre 75 cents la minute sur le QE. Beaucoup de passagers et des membres équipages s’y ruent au point où le tenancier ne sait plus où donner de la tête.
Tout en nous promenant sur les collines en dehors du centre de la ville, nous découvrons des maison pittoresques et colorées certain en très mauvais état dont certaines détruites. Un air de gospel s’échappant d’une église parvient à nos oreilles. Nous approchons de l’endroit et sommes invités à entrer. A l’intérieur, l’école du dimanche est en cours sous la direction de femmes noires, certainement issues des communautés venues de Jamaïque pour construire le chemin de fer de la banane au début du 20ème siècle. Après ce moment plein d’émotions, nous en ressortons copieusement bénis par les pasteurs.

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Jour 18:Canal de Panama
Au bout de la nuit nous sommes à l’entrée du canal de Panama. Nous avançons très lentement devant la première écluse du lac de Gatún à 9h. Tout le monde est sur les ponts et certains d’entre eux, d’habitude fermés, ont été exceptionnellement ouverts. Des frégates tournent majestueusement autour de nous en profitant de nos turbulences.

Le canal de Panama a déjà une longue histoire derrière lui.
Quelques repères:
– longueur 77 km
– gabarit appelé « panamax » (32.3 m de large par 294.1 m de longueur et 12 m de profondeur)
– nombre d’écluses 3 séries
– début des travaux 1880
– année d’ouverture 1914
– concepteurs Ferdinand de Lesseps et G.W. Goethals
La capacité du canal est actuellement suffisante pour les navires jusqu’au gabarit dit « Panamax », mais le nombre de bateaux naviguant dans le monde qui excède ces dimensions est de plus en plus grand, donc deux séries d’écluses plus grandes sont en construction d’environ 50 %. Il est également prévu d’y associer des bassins d’économie d’eau.

Entre les écluses montantes et celles descendantes, nous traversons le lac Gatún en zigzaguant entre des îlots qui ont l’air passablement sauvages. La traversée est très spectaculaire, nous croisons d’énormes navires de très près car le chenal balisé de marque vertes et rouges est très étroit par endroits.

La traversée du canal et une expérience impressionnante, passionnante et unique qui se termine sous le Pont des Amériques sous les fenêtres de Panama City, également très majestueuse.

Le moment très attendu approche car Francis Verdan, copain d’école primaire de Cortaillod, m’a dit il y a quelques mois qu’il habitait juste à la sortie du canal. Il m’a écrit par email il y a quelques jours « tu verras c’est facile, c’est juste après le pont à gauche…je prendrais des photos, et de toute façon je vous suis sur www.marinetraffic.com ». En effet juste après le pont nous apercevons un grand drapeau suisse au loin pendu à son balcon et il nous fait des signaux lumineux auxquels nous répondons en agitant un drap de bain. Nos voisins ont vite compris ce qu’il se passait et ont été très amusés.

Francis m’écrit également que lorsque le Queen Elizabeth est announcé dans le canal, ‘événement est rapporté dans le journal local ce qui explique pourquoi des centaines de spectateurs sont massés sur notre passage.

Nous prenons le cap sur Puntarenas et il ne reste plus que 300 milles avant de débarquer.
Nous naviguons pour la première fois sur une mer d’huile ce qui nous permet de voir plusieurs groupes de dauphins.

En guise de fête de départ et pour marquer le coup nous offrons l’apéritif à nos compagnons de table, Ann, Elisabeth, Roger et John, qui ont été d’excellente compagnie pendant ces 19 jours.

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Jour 19: Puntarenas – Débarque Simone
Encore un nuit de route et nous serons à Puntarenas sur la côte pacifique du Costa Rica. Nous entrons dans le golf de Nicoya guidé par le pilote qui est monté à bord très tôt ce matin. Le soleil se lève lorsque nous nous apprêtons à aborder au ponton perpendiculaire à la presqu’île de Puntarenas, situation assez particulière de ce monstre de 90’000 tonnes amarré à cette frêle construction.
L’excitation croit alors que les retrouvailles avec Anouk et Gregory approchent, mais auparavant nous avons rendez-vous à bord avec les autorités du Costa Rica à 06h20… au plus tard car ils veulent nous rencontrer face-à-face. Nous nous retrouvons donc à 12 passagers à attendre dans un salon. Trois d’entre nous sont des chanteuses du groupe Manhattan Dolls qui s’est produit à bord, dont nous n’avons malheureusement pas vu la performance. Les officiers Ticos arrivent à 6h45 pour vérifier et tamponner nos passeports. Impatients, nous prenons ensuite un petit-déjeuner rapide avant de débarquer avec nos 4 valises.
La marche est courte et nous apercevons rapidement nos 2 petites têtes blondes au loin. Les retrouvailles sont très émouvantes après une année de distance, accompagnées de quelques larmes.
Après avoir fait une inoubliable photo devant le navire, nous partons petit-déjeuner à l’hôtel qui a accueilli la petite famille la nuit passée. Ensuite, moteur pour San Jose à bord de Sigifredo, la voiture.

 

C’EST LA FIN